Blog 2 : Inflammation de bas grade

Facteurs favorisants, prévention et prise en charge

par le Dr Elisa AVERTY

1. Facteurs favorisants

Les mauvaises habitudes alimentaires : Western Diet (= trop gras, trop salé, trop sucré) : Le régime occidental, trop riche en aliments raffinés, stimule l'inflammation, en particulier dans les cellules des parois des vaisseaux sanguins. Les nutriments nécessaires à la fonction immunitaire optimale et à la prévention des maladies cardiovasculaires et du diabète sont peu présents. PC Calder et al. British Journal of Nutrition 2002.

La perturbation du microbiote intestinal ( = flore intestinale ) :  une dysbiose peut être à l'origine d'une hyperperméabilité intestinale avec pour conséquences, des troubles fonctionnels intestinaux d'intensité variable (diarrhées+++), une réponse inflammatoire inadaptée de l'organisme sous forme d'allergies, d'intolérances alimentaires, de maladies auto-immunes voire de troubles "à distance" (douleurs articulaires, problèmes cutanés comme l'eczéma, fibromyalgie). GalloA, Passaro G et al. World J Gastroenterol 2016 22(32) 7186-262.

La surcharge pondérale, IMC> 27 ( Poids (Kgs)/ Taille (m)2 ) : Le développement du tissu adipeux induit une inflammation chronique de bas grade. Plus la surcharge est importante, plus l'inflammation le sera. Visser M et al. JAMA 1999; 282:2131-35.

La sédentarité : contrairement au travail pendant lequel le muscle squelettique produit et libère des interleukines anti-inflammatoires dans le sang. A Febbraio et al. Exercise and Sport Sciences (2005).

2. Prévention et prise en charge

Les 3 piliers du mieux-être :

  • Arrêt du tabac,
  • Activité physique régulière,
  • Gestion du stress émotionnel et du sommeil.

             +

Vigilance  médicale :

  • Dépister les infections chroniques type gingivites,
  • S'appuyer sur un suivi médical et/ou diététicien si décision de maigrir (avec l'âge, risque majeur de perdre sa masse musculaire avant de perdre du "gras"),
  • Penser à l'existence de possibles intolérances alimentaires mais surtout pas de régime d'exclusion sans avis médical (régime sans gluten, sans lactose...) car haut risque de développer des carences en macro et micronutriments.

               +

Restaurer le microbiote  intestinal : consommation de yaourts et produits fermentés, complémentation en prébiotiques et probiotiques.

et Adopter le régime méditerranéen, riche en polyphénols, vitamines et micronutriments anti-oxydants (Vit C, Vit E, Zn, Se) , acides gras Omega 3.

                +

Avoir recours à une complémentation adaptée :

  • Vitamine D : Le déficit (25OHVitD<30 ng/ml) est très fréquent dans l'avancée en âge car cette vitamine est peu présente dans l'alimentation. Sa source principale provient de l'exposition solaire (transformation par les UV d'un dérivé du cholestérol en précurseur de la vitamine D). Cette vitamine module l'inflammation systémique.
  • Magnésium : Un statut adéquat en magnésium est correllé à une faible concentration des marqueurs de l'inflammation. Nielsen FH Inflamm Res. 2018,11:25-34


3. Les voies de recherche en nutrition clinique

 > Les Fucoïdanes : identifiés au début du 20ème siècle, extraits d'algues brunes qui poussent à l'état sauvage au Nord de l'Océan Pacifique (Japon, Hawai, Iles Tonga).

Les fucoidanes sont utilisés dans la médecine traditionnelle de certains pays comme anti-inflammatoires. Plus de 500 publications ces 5 dernières années.

 > Les Polyphénols : présents dans les fruits et légumes, les herbes culinaires, les bulbes (ail, oignon), le thé, le cacao, le vin et les épices. 

Il y a de plus en plus de publications sur les effets anti-inflammatoires du curcuma, mais également des études sur le Clou de girofle (eugenol) et le Gingembre (gingerol, shogaols).

Le resvératrol est également particulièrement intéressant mais les quantités sont faibles dans les aliments courants (raisin, vin rouge, cacao). Un nouveau procédé récent, issu de la biotechnologie, permet d'obtenir du trans-resvératrol (forme active) naturellement par la fermentation de levures et de l'utiliser dans des essais cliniques qui préciseront sa place en complémentation.

La quercétine, également présente dans le raisin et le vin semble agir en synergie avec le resvératrol.

Les anthocyanes, très concentrés dans les fruits baies (myrtilles, framboises, cassis,...) semblent associés à de nombreux bénéfices en santé : anti-oxydants, anti-inflammatoires, tolérance au glucose, effets prébiotiques.

 > Les Omega 3 : Il existe une relation inverse entre le taux d'Omega 3 dans le plasma et les CRPus (marqueurs de l'inflammation) chez les personnes en bonne santé. Micallef MA, Munro IA, Garg ML. Eur J Clin Nutr.2009 Sep;63(9):1154-6.

Les études d'intervention montrent que les polyphénols et les Omega 3 sont des anti-inflammatoires complémentaires.